Il y a 20 ans je me suis mis à mon compte

Il y a 20 ans, j'ai commencé mon activité. Pourquoi ai-je, peu après, quitté un emploi bien payé (42.000 € bruts, soit 60.000 € d'aujourd'hui), tranquille, pour prendre le risque de me mettre à mon compte ?

C'est une question légitime. Je n'ai aucun romantisme bohême vis-à-vis du travail à son compte. J'ai cependant quelques constats.

1. L'entrepreneuriat n'est une liberté que si elle est assortie des revenus suffisants

Il n'y a aucun intérêt à devenir indépendant si c'est pour devenir pauvre. A un moment, les conditions économiques de réussite professionnelle doivent être au rendez-vous. J'avais eu l'occasion, en 6 mois de travail à côté d'un emploi salarié, de constater que cette activité de conseil financier pouvait me permettre de gagner plus.

2. Le salariat donne l'illusion de la sécurité.

Il faut se rendre compte de ça : un emploi salarié n'est garanti que pour la durée du préavis. Tout le reste est littérature. Ensuite bien sûr il y a les mécanismes d'assurance-chômage, qui permettent de subsister en Allemagne 12 mois maximum (pour les moins de 50 ans) avec 60-65% du salaire.

3. Le salariat est une assurance dont la prime est élevée

Pour se garantir un revenu régulier et supposé "sûr", les salariés sont prêts à renoncer à leur autonomie (cela peut faire du sens, bien sûr), mais aussi à la partie au-delà de leur salaire générant du profit. En général, si un employeur embauche, c'est parce que vous allez lui rapporter plus que vous ne lui coûtez. Se mettre à son compte permet de récupérer cette marge pour soi. Si bien sûr on sait exploiter son propre potentiel.

4. Il faut réfléchir en vision dynamique, et non statique

Un emploi salarié, comme une entreprise en création, doit avoir une vision de long terme. Il faut appréhender les perspectives de carrière, de développement professionnel et financier, pour évaluer l'intérêt de l'activité. 60.000 € de salaire aujourd'hui, c'est peut-être bien, mais si l'évolution est bouchée, ça ne l'est pas. Une activité professionnelle indépendante amenant 40.000 € la première année semble sur la papier moins pertinente, sauf si les perspectives y sont plus importantes.

Je n'ai jamais quitté cette façon de penser. Posez-vous les bonnes questions, l'entrepreneuriat n'est pas fait pour tout le monde.