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Allemagne : un pays qui épargne beaucoup, mais mal.

  • Photo du rédacteur: Florian Chiron
    Florian Chiron
  • il y a 9 heures
  • 2 min de lecture

"Wir sparen viel, aber schlecht und ungleich" — nous épargnons beaucoup, mais mal et de manière inégale.

C’est ainsi que Marcel Fratzscher, président du très respecté Deutsches Institut für Wirtschaftsforschung (DIW), résume la situation économique allemande. Et tout est dit.


L’Allemagne reste un modèle de rigueur et de stabilité… mais un modèle à bout de souffle.

Depuis les années 1990, le pays n’a plus réellement modernisé son appareil économique. Son industrie exportatrice, jadis triomphante, souffre aujourd’hui d’un triple choc : bureaucratie paralysante, manque d’investissements et fuite des capitaux vers l’étranger. Même les entreprises allemandes investissent désormais davantage aux États-Unis ou en Asie que chez elles.


Le constat de Fratzscher est brutal :


"Nous avons cessé d’être compétitifs."


Derrière cette lente érosion, trois transitions manquées :


  • technologique, avec un retard criant sur la digitalisation ;

  • écologique, faute de cap clair et d’investissement massif ;

  • sociale, car la redistribution intergénérationnelle devient intenable.


Le système social allemand repose sur une logique de transfert croissant des jeunes vers les retraités, via cotisations et impôts. Cela mine le pouvoir d’achat, la compétitivité et la confiance. Sept millions d’Allemands travaillent en "mini-jobs" pour 545€ par mois, sans perspectives d’épargne ni de retraite digne.


Et pourtant, l’Allemagne reste le pays de l’épargne !

Mais une épargne mal orientée.

Pas d’actionnariat populaire, peu d’immobilier, et une culture du risque quasi inexistante. Les Allemands laissent dormir leur argent sur des livrets sans rendement : une aberration dans un pays si riche.

"Nous avons une faible part d’actions et d’immobilier, et ceux qui épargnent, épargnent mal", dit Fratzscher. Autrement dit : le pays du Mittelstand a oublié comment faire fructifier son capital.


À cela s’ajoute une politique publique obsédée par le frein à la dette (Schuldenbremse) qui interdit presque toute vision d’avenir. On préfère économiser plutôt qu’investir. Or, comme le rappelle Fratzscher :


"Plus de dépenses militaires signifient un appauvrissement de la nation, soyons honnêtes avec nous-mêmes."


Pendant que l’Allemagne s’enferme dans sa prudence, les États-Unis et la Chine avancent à toute vitesse. Ils investissent massivement dans la technologie, la transition énergétique, et les chaînes de valeur mondiales.

Fratzscher prévient : "Les États-Unis et la Chine nous ont depuis longtemps distancés. Nous sommes trop lents et trop frileux."


L’Allemagne ne manque ni d’argent, ni de talents, ni de volonté individuelle.

Mais elle manque d’un État stratège, capable de convertir son épargne en puissance économique.

Tant qu’elle continuera à épargner sans investir, elle restera ce qu’elle redoute le plus : un pays riche… qui s’appauvrit.

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