Analyse financière d’Eugène de Rastignac dans Le Père Goriot
- Florian Chiron
- il y a 9 heures
- 3 min de lecture
Ou comment un jeune provincial devient stratège mondain… sans savoir gérer un budget.
Après avoir analysé l’intelligence (ou plutôt le naufrage) financière du Père Goriot, voici celle – tant attendue – de son jeune contrepoint : Eugène de Rastignac.
Un des plus grands personnages de Balzac. Un nom passé dans le langage courant. Un symbole de l'ambition sociale.
Mais ici, je me limite à ce qu'il est dans Le Père Goriot – pas encore ce qu'il devient ensuite dans La Comédie humaine.
1. Sa foi dans le travail pour réussir
Rastignac vient d’Angoulême, d’une famille noble mais appauvrie. Il est étudiant en droit à Paris, et vit très modestement des envois d'argent familiaux, qui représentent une part énorme du revenu de ses parents et sœurs.
Il étudie longtemps, sérieusement. Il croit que le mérite, le travail et les sacrifices conduisent à la réussite. Il fait donc des efforts. Beaucoup.
Cette foi dans le travail est une des rares vertus stables de Rastignac. Mais très vite, il comprend que cela ne suffit pas dans le Paris de la Restauration.
👉 Ma morale : Travailler dur, et intelligemment, est une base indispensable de la réussite financière. Mais ce n'est qu'une base.
2. La force tirée de la famille et le sens de l'honneur
À un moment clé, Eugène demande à sa famille de se saigner pour lui offrir un trousseau, des habits dignes, et les moyens de s'introduire dans les salons parisiens. Il est conscient du prix de cette demande. Il promet de rembourser, et il le fera.
Ce lien filial est fort. Il aime sa famille, il la respecte, et il ne l'oublie pas une fois "dans le monde".
C'est en cela qu'il s'oppose au modèle tragique du Père Goriot : ce dernier, lui, donne tout à ses filles, qui ne lui rendent rien, même pas une présence sur son lit de mort.
Rastignac est révolté par cette ingratitude. Il ne la comprend pas. Mais il en tire une leçon.
👉 Ma morale : N'oublie jamais d'où tu viens. Ta famille peut être un marchepied vers tes rêves, mais ne la trahis pas en chemin.
3. L'importance du réseau social et des codes
Rastignac perd une partie de son idéalisme lorsqu'il découvre que l'amour ne vaut rien face à l'argent et au statut. Il est fasciné par la haute société, mais choqué par son cynisme.
Sur les conseils de sa tante, il s'habille, séduit, s'infiltre. Il cible Delphine de Nucingen, fille de Goriot, et entre avec elle dans les cercles mondains.
Il devient alors un stratège social. Moins cynique que Bel-Ami, mais pas naïf. Il comprend les règles et les joue.
👉 Ma morale : Bien choisir son entourage est un levier de réussite. Pour ça que je suis sur LinkedIn 😉
4. Le flambeur sans gestion
Rastignac découvre la roulette avec Delphine. Il gagne, puis perd, puis retourne perdre encore. Il ne gère pas son argent. Il ne construit aucun patrimoine.
Il flambe pour entretenir l’image qu’il doit projeter : élégance, assurance, réussite.
Mais il manque de liquidités, rate des loyers, dépend de Delphine ou de sa famille. Il brille, mais il brûle.
Le roman laisse entendre que ce choix de flambeur stratégique porte ses fruits… à court terme. Mais en vérité, la base est fragile. Il est ambitieux, mais pas encore solide.
👉 Ma morale : Se créer des rentes est plus intéressant que flamber au casino. Dépendre financièrement des autres est toujours un danger.
Conclusion : un Rastignac en construction
Quand on vient d'un milieu provincial modeste, on n'a pas les codes, mais on peut les apprendre.
On n'a pas les moyens, mais on peut investir ses maigres ressources dans une stratégie sociale. C'est ce que fait Rastignac dans Le Père Goriot.
Il n'est pas encore puissant. Il n'est pas encore cynique. Mais il comprend que l'argent n'est pas un détail : c'est la structure invisible du monde.
👉 Avec intérêt (et un peu de crainte), je vais continuer Balzac.
Comments