De dernier de promo à maintenant.

"Laissez tomber l’Allemagne, vous ne savez pas aligner trois mots."

Voilà ce que m’a dit ma prof d’allemand en 2e année à Sciences Po Rennes, après m’avoir collé un 7 à l’oral de fin d’année.

Dernier de promo.

Par miracle, elle m’a évité la note éliminatoire de 6.

Sympa. Lieb. Merci. Danke.

Elle avait raison : mon allemand était un champ de ruines.

Commencé en CM1… et 11 ans plus tard, j’étais toujours aussi nul.

Et pourtant, j’ai choisi l’Allemagne pour mon année Erasmus.

La Bavière. Le fin fond de la Bavière, même : Eichstätt. 13.000 habitants, 4.000 étudiants. Vote CSU : 80%. Dialecte : Mittelfränkisch.

"Vous n’arriverez à rien là-bas", m’a-t-elle prédit.

Je n’en menais pas large ce matin de septembre 1998, en sortant d’un bus de nuit.

19 ans. Pays étranger. Langue étrangère. Zéro assurance.

Elle m’a soufflé :

"Il est encore temps d’aller en Angleterre."

Peut-être. Maybe. Vielleicht. (En vrai, j’avais 9 de moyenne en anglais.)

Je lui ai répondu :

"J’ai toujours su que pour parler allemand, je devais partir."

27 ans plus tard, le bilan ?

Nationalité allemande obtenue en 2009.
Création d’une PME florissante : 25 personnes, 3,5 millions d’€ de CA, 3.500 clients.
Médaille de bronze de la Ville de Francfort pour mes 12 ans de mandat local.
Diplômes allemands : assurance, finance, crédit.
Conférences en allemand devant 300 personnes.
Deux filles franco-allemandes.
Intervenant à l’Université Goethe de Francfort.