Budget 2026 : où va l'argent de l'Allemagne ?
- Florian Chiron

- 4 déc.
- 2 min de lecture
Le Bundestag vient de voter le budget fédéral 2026.
Un budget massif. Le plus élevé de l’histoire du pays.
Avec des priorités nettes… et des lignes de fracture tout aussi nettes.
Pour mémoire, le Parlement avait adopté au printemps un plan d’infrastructures de 600 milliards sur 6 ans.
2026, c’est la première vraie marche.
Les chiffres clés :
524,5 milliards € de dépenses fédérales.
Près de 180 milliards € de nouvelle dette (en comptant les fonds spéciaux : défense, climat, infrastructures).
58,3 milliards € d’investissements dans le budget de base.
+ 73 milliards € via les fonds spéciaux.
Difficile de ne pas comparer avec 2019, dernière année "normale" :
350 milliards € de budget, 35 milliards d’investissements et zéro déficit.
L’Allemagne sortait de 16 ans de Merkelisme budgétaire : solide, mais à l’os.
Les priorités 2026 :
La modernisation du pays
Infrastructures, transports, numérique, rénovation énergétique.
L’Allemagne se remet enfin à investir.
Objectif : combler une décennie de retard… et sortir du mode "maintenance minimale".
La sécurité et la défense
Le budget Défense grimpe à 87 milliards €.
L’époque où l’on vivait confortablement sous le parapluie américain est révolue.
Et croire que la Russie redeviendrait pacifique sans renforcer la Bundeswehr ? Ça aussi, c’est fini.
La transition énergétique
Rénovation des bâtiments, hydrogène, réseaux électriques, soutien à l’industrie verte.
La logique est claire : une économie carbone neutre, mais aussi compétitive — pas un modèle subventionné sous perfusion.
Les dépenses sociales
C’est le premier poste du budget :
Retraites, assurance-santé, transferts sociaux, allocations, chômage.
Le vieillissement démographique pèse automatiquement : plus de retraités, moins d’actifs.
Ce n’est pas encore un problème critique, mais c’est le point de tension des prochaines années.
Surtout qu’aucune réforme d’ampleur n’a eu lieu depuis… 2002.
Un changement de doctrine :
On voit clairement la nouvelle ligne : moins de rigueur, plus d’investissement, plus d’endettement.
L’État fédéral parie que :
investir massivement maintenant,
moderniser infrastructures, énergie, défense,
soutenir la transformation industrielle,
➡️ suffira à relancer la croissance, attirer des talents et maintenir la compétitivité.
C’est un pari économique… et politique.
Mais reste la vraie question :
Le modèle social allemand est-il soutenable dans un pays qui vieillit plus vite qu’il ne se renouvelle ?
Sans adaptation, la pression budgétaire va monter chaque année.
Ma lecture :
L’Allemagne rattrape, investit et se réarme — au sens propre comme au figuré.
C’est nécessaire. Tardif. Et ambitieux.
Entre 2027 et 2030, l’enjeu sera clair : équilibrer investissement, innovation et stabilité sociale.
Et surtout : rembourser ce que nous empruntons aujourd’hui tout en restant crédibles face au reste du monde.
Le budget 2026 ouvre une nouvelle phase.
Reste à voir si le pays saura la tenir.






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