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"Laissez tomber l’Allemagne, vous ne savez pas aligner 3 mots"

  • Photo du rédacteur: Florian Chiron
    Florian Chiron
  • 3 mai 2023
  • 2 min de lecture

Dernière mise à jour : 4 mai 2023

Furent les derniers mots de ma prof d’allemand en 2e année de Sciences Po, à Rennes. Elle venait de me coller un 7 à l’oral de fin d’année.


Dernier de promo. Par miracle elle a refusé de me donner la note éliminatoire de 6.


Sympa. Lieb. Merci. Danke.


Elle avait raison : mon allemand était un champ de ruines. J’avais commencé en CM1, et 11 ans après, j'avais à peine progressé.


Et pourtant j’avais choisi l’Allemagne pour mon année Erasmus. La Bavière, même. Le fond de la Bavière, même. Eichstätt, 13.000 habitants, 4.000 étudiants. Vote CSU : 80%. Dialecte : mittelfränkisch.


"Vous n’arriverez à rien là-bas", continua-t-elle.


Je n’en menais pas large, au sortir de mon bus de nuit, par un matin ensoleillé fin septembre 1998. 19 ans, dans un pays étranger, sans parler vraiment la langue, une année d’études devant moi.


"Il est encore temps d’aller en Angleterre", m’avait dit ma prof. Peut-être. Maybe. Vielleicht. (En vrai j’avais 9 de moyenne en anglais, donc bof).


Je me souviens encore de ma réponse "j’ai toujours su que pour parler allemand, je devais partir."


25 ans plus tard, un premier bilan :


- J'ai décroché la nationalité allemande en 2009

- J’ai créé une PME florissante : un effectif de 25 personnes. Presque 3 millions de chiffre d’affaires annuel. 2.500 clients.


- J’ai la médaille de bronze de la Ville de Francfort après 12 ans de mandats municipaux.


- J’ai des diplômes professionnels allemands : conseiller en assurances certifié, conseiller en investissements financiers, conseillers en financement immobilier.


- Je fais des conférences devant 300 personnes en allemand.


- J’ai 2 filles franco-allemandes.


Bref, ce n’est pas forcément une définition de « n’arriver à rien ».


Épilogue : en 2000, aux examens de fin de 4e année, j’avais 18/20. En 2001, je décrochais un CDI en Allemagne. Alors que je donnais des cours en Master dans ce Sciences Po, 5 ans plus tard, j’ai revu ma prof d’allemand : "vous m’avez donné la plus grande claque de ma carrière, jamais je n’aurais cru une telle métamorphose possible."


Elle m’avait juste donné la gnac. L’envie de lui prouver que, oui, je pouvais apprendre cette fichue belle langue.


Quelque part, j’éprouve une profonde gratitude envers elle. Elle m’a secoué. Son coup de pied au derrière fut salvateur.


Ne croyez pas les oiseaux de mauvaise augure, les diseuses de bonne aventure.


Seuls vous avez votre destin en main.


Et vous, quelle est votre expérience avec l’allemand ?





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