Mon grand-père aurait eu 97 ans le 5 août.

En photo : mémé Irma, sa veuve, 99 ans et toujours une descendante d’avant-guerre.

Que dire de mon pépé ?

• Artisan cordonnier dans un quartier d’Angers : réparer plutôt que jeter. Après-guerre, il n’y avait ni Zalando ni "fast fashion", juste le savoir-faire.

• Il rencontre sa future femme, "bonne à tout faire", en ressemelant les chaussures de la patronne de celle-ci, une bourgeoise angevine.

• Premier rendez-vous : 90 minutes de retard… et pas de WhatsApp pour prévenir.

• Pendant la guerre, à Villemoisan, il garde le souvenir du bombardement du pont d’Ingrandes en 1944 et des soldats allemands d’occupation dragouillant ses sœurs selon eux "malades de l’amour".

• Six enfants, sans être un père modèle, tous ont reçu une bonne éducation et trouvé leur place dans la vie.

• Face à la précarité du métier de cordonnier, il entre en 1968 chez Carrefour Angers-Saint-Serge, au rayon bricolage.

• Engagé à la paroisse et à la CFDT, il finit juge syndical aux prud’hommes. Il agit dans la pure tradition angevine : chercher le compromis avant le conflit.

• Au CE de Carrefour, il négocie les vaccins contre la grippe en mettant en concurrence… Roselyne Bachelot, pharmacienne de la zone commerciale. Prix de gros obtenu, sans heurts.

• Retraité actif : CFDT-retraités, Mouvement chrétien des retraités, diacre, et bien sûr mise en bouteille de vin d’Anjou.

• Qualité des vacances mesurées au nombre de kilomètres et d’églises visitées.

• Il s’éteint à 83 ans, atteint d’un cancer des os qui l’empêchait de boire du vin : "Aucun intérêt de vivre désormais." Décès fin juin 2011.

• 700 personnes à ses obsèques, dont le maire d’Angers et la Ministre Bachelot, pas rancunière.

Origines modestes, vie au service des autres, goût du compromis, attachement au terroir, convivialité sans excès… Ces valeurs angevines, il me les a transmises.

Et j’en porte la fierté, discrète mais profonde. Une chose est sûre, il serait fier de ma réussite en "Bochie".